Sortir du cadre

• Sortir du cadre
• Une fenêtre sur l’inconnue
• Mon ch’min de petit bonhomme
• Les secrets des vieilles pierres
• Paix retrouvée
• Quand l’amour atteint des sommets
• Le marque-page

Au fil de ses sept nouvelles, Véronique Fonck nous fait voyager de la ville à la montagne, dans les méandres des pensées de personnages tourmentés, influençables et rêveurs. À travers les secrets et les révélations, les espoirs et les déceptions, les liens amicaux, familiaux et amoureux se tissent ou s’effilochent. Des histoires douces et amères où la poésie et les joies simples de la vie laissent entrevoir le meilleur comme le pire.

On en parle dans le journal l'Alsace.

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Extraits :

Sortir du cadre
Ça y est, je pars, mon esprit divague. Mon corps ne m’appartient plus vraiment. Je sors du cadre, je passe à travers les murs sans en avoir tout à fait conscience, je m’évade pour battre la campagne. Sensation d’un moment d’éternité, d’harmonie et de plénitude. Vient le rêve éveillé où le temps n’a plus d’emprise. La frontière entre le passé et le présent s’estompe, puis s’efface complètement. Tout se fond et se confond. Pourtant je me vois évoluer parfaitement, tel que je suis, dans un décor idyllique à portée de main qui éveille mes sens…

Une fenêtre sur l’inconnue
Quelle étrange situation de départ pour une vie de couple ! Cependant cela n’était pas prévu ainsi. Quelques mois plus tôt, après l’échec de deux petites annonces parues dans des revues locales, j’avais décidé de m’inscrire sur un site de rencontres. Ce procédé, quoique très artificiel, me rassérénait, car je n’avais jamais réussi à concrétiser une relation solide. Je plaisais, c’était certain. Mais à chaque fois j’avais l’impression de ne pas être aimé tel que j’étais. D’un naturel plutôt enjoué, je réitérai ainsi l’expérience une dernière fois, sans présence physique préalable pour m’engager corps et âme en fonction de l’harmonie générée au fil de la correspondance.

Mon ch’min de petit bonhomme
Sophie et Loïc Prevot avaient choisi les vacances d’été pour emménager dans leur pays de cocagne. Pendant qu’ils couraient dans tous les sens en colonne organisée comme des fourmis avec les déménageurs, leur fils Corentin s’élança dans le jardin à la conquête de son nouveau terrain de jeux. Dix ans à peine, le blondinet aux yeux bleus, plutôt téméraire, se fraya un passage à travers la haie, à l’endroit où il avait remarqué un genêt plus chétif que les autres.

Les secrets des vieilles pierres
Comme Fritz continuait à découvrir les histoires de son grand-père avec enchantement, il s’amusait à détourner la réalité en un monde fantasmagorique, peuplé d’elfes, de fées, de sorcières et d’animaux parfois terrifiants. Le craquement sourd de la charpente présageait le passage de la sorcière du placard à balais. Le bruit tonitruant du siphon de l’évier exprimait le grognement de satisfaction du dragon dont la soif venait d’être assouvie. Le geste maladroit indiquait la présence d’un génie sournois tandis que la sieste de l’après-midi résultait d’une erreur de formule magique de la fée Casse-pied.

Quand l’amour atteint des sommets
Nous nous fréquentions depuis quelque temps déjà quand je décidai de l’emmener pour son anniversaire sur mon terrain de prédilection jusqu’au lac Blanc. Face au panorama époustouflant du Mont Blanc, nous nous embrassâmes et nous installâmes sur un rocher, serrés l’un contre l’autre. Souriant, il se mit en quête de quelques cailloux qu’il déversa ensuite de sa polaire devant moi. Inspiré comme d’habitude, il en assembla trois minutieusement.

Paix retrouvée
Vint le moment tant attendu de la lecture du testament de Joseph, mon père mort d’un cancer du poumon à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Même si un partage équitable était prévisible, Maître Bernier nous déstabilisa totalement avec la mention d’une quatrième personne appelée à hériter : Frida Zimmermann. Décontenancés, nous échangeâmes tous trois des regards incrédules. Qui était cette Frida ? Sentant notre malaise, le notaire chercha à nous rassurer en précisant que cette personne habitait en Allemagne et qu’elle serait présente au prochain rendez-vous pour la lecture définitive du dossier. Perdre un être cher vous rend déjà chaos, mais apprendre l’existence d’un être inconnu vous achève. Tempête après la pluie et avalanche après la tempête. Nous quittâmes le bureau la tête basse avec le poids de notre chagrin et de nos interrogations.

Le marque-page*
Un sourire et un bonjour chaleureux l’accueillirent auxquels il répondit négligemment. Les longues allées d’étagères remplies de livres, telles de hautes vagues, le noyèrent d’un coup et son regard s’échoua sur une devanture exposant les dernières nouveautés. Des titres déconcertants défilaient devant ses yeux interrogateurs : « L’Ombre du tintement », « Disparaître pour mieux naître », « On n’est pas des bêtes ! ». Ce roman attira son attention car au fond il se demandait bien ce qui le démarquait des animaux. Plongé dans la quatrième de couverture, il découvrit un résumé aguicheur et original qui lui rappela « La Ferme des animaux » de George Orwell, revisitée avec un esprit de révolution des salariés dans un système trop exploitant des entrepreneurs. Cette réalité-fiction avec un point de vue ironique affirmé lui parlait. Le prêt effectué, il put enfin s’enfermer chez lui paisiblement en compagnie de ces bêtes travailleuses revendicatrices.

* Cette nouvelle a été récompensée lors d'un concours à Illfurth en 2017 : article du journal l'Alsace

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